Le salon de l’E3 fut cette année une grande occasion pour les joueurs du monde entier de découvrir un volume quasi historique de nouveautés next gen. Parmi elles, un jeu a attiré notre attention dans L’Envers du Pixel. Son nom? Killer Instinct. Alors que nous ne l’attendions pas au nécessairement au tournant, Microsoft a en effet quelque peu surpris avec une telle annonce qui semble déjà sceller à nouveau le destin de la série. Nous vous proposons donc de revenir sur l’histoire et l’évolution de Killer Instinct, qui malgré de vraies qualités, ne su jamais véritablement imposer son style et tirer son épingle du jeu. Voyons pourquoi.
Ash
Kill moi ça!
Le soft fait tout d’abord partie des jeux qui sont historiquement liés, pour le meilleur et pour le pire, au destin de Nintendo. A l’origine sorti en arcade, sous l’étiquette « Ultra 64 » il est un jeu de versus fighting développé par RARE, un studio qui a l’époque travaille comme bras droit de Nintendo et censé montrer ce que la future console 64 Bits aura dans les tripes. Arborant un aspect visuel utilisant une technique proche du rendering similaire à Donkey Kong Country, grâce au travail des stations Sillicon Graphics sur lesquelles il est développé, Killer Instinct reçoit un très bon accueil en arcade.
Suite aux retards successifs de l’Ultra 64, il viendra réjouir les possesseurs de Super Nintendo fin 1995 (accompagné d’un CD Audio des musiques du jeu pour la version française) dans une version de haute volée permettant de s’adonner aux joies des combos monstrueux, des loop et des c-c-c-combo breakers!!! Entre temps, un deuxième opus sortira en Arcade mais ne sera jamais adapté sur console. C’est lors de la sortie de la Nintendo64 que RARE se verra proposer de sortir un troisième épisode, intitulé Killer Instinct Gold et qui ressemble plus à une compilation qu’à un véritable nouveau volet de la série. Bénéficiant d’un gameplay qui tranche avec Street Fighter de par la longueur de ses combos et son système de jeu, le succès ne sera pas au rendez-vous, la console ne bénéficiant alors pas d’un parc installé de machines assez important pour faire vivre le jeu sans une représentation en arcade. Rappelons en effet que CAPCOM se partage à l’époque le marché du jeu de combat 2D avec SNK et ne laisse que des miettes aux rares outsiders. La licence sera alors mise en sommeil.
« Histoire sans fin… »
En 2004, une publicité paraîtra, à l’initiative d’un employé de RARE, à l’époque racheté par Microsoft, faisant écho d’une future sortie de Killer Instinct 3 sur Xbox première du nom. Mais cette promesse restera sans suite… jusqu’à cette semaine! Le jour qui a vu la licence K.I. renaître de ses cendres. Sur le papier peu de choses semblent avoir bougé: Jago, Sabrewulf et Glacius ont cédé à la mode Street Fighter IV et sont désormais modélisés en 3D, mais se battent sur un plan fixe comme dans ce dernier. Les plus aguerris appellent ça de la « 2.5D ». Moi j’appelle ça du vol. Mais je suis un intégriste de la 2D, donc ça ne compte pas vraiment. Reste que l’on retrouve ce qui faisait le charme de la licence par le passé: un gameplay basé sur les combos à rallonge, les « breakers » qui permettent de retourner la situation en cassant littéralement l’enchaînement de l’adversaire et enfin des furies, plutôt classiques pour ce que l’on a pu en voir. Maintenant, parlons des choses qui fâchent: le jeu sortira selon un modèle de « Free To Play » (que l’on abrégera en F2P). Explication: vous téléchargez le jeu gratuitement et ne pouvez jouer au départ qu’avec Jago. Si vous voulez jouer un autre personnage il vous faudra passer à la caisse (nous ne savons pas à l’heure actuelle quel sera le prix d’un personnage).
Si cela pourra être économique pour les joueurs les moins ambitieux ou pour ceux n’étant pas sûrs de leur coup en achetant un jeu de combat 70€ dans le commerce (ce qui peut tout à fait se comprendre quand on voit certains titres récent comme Street Fighter X Tekken), on peut légitimement se poser la question du soutien du développeur envers son jeu. Peut-on imaginer que si aucun possesseur de la Xbox One ne se décide à acheter des combattants, le développeur investira pour en créer de nouveaux? Le doute est permis. Et comme si l’histoire se reproduisait en boucle, ce Killer Instinct accuse déjà les mêmes lacunes commerciales que son aîné: le jeu sortira dans les premiers mois de vie de la console, ce qui signifie que le parc installé sera trop faible pour faire vivre le jeu dans des tournois ou pour trouver un nombre conséquent de joueurs en ligne à toute heure comme c’est le cas avec Street Fighter IV. D’autre part, il ne bénéficiera pas non plus d’une version arcade pour accroître son audience. Bien que le succès d’un jeu en arcade n’assure pas obligatoirement la réussite lors d’une sortie sur console, son absence des salles obscures (bien qu’elle deviennent rares) limitera son rayonnement aux seuls possesseurs de la boîte noire de Microsoft fans de jeux de combat. Autant dire une niche très réduite et un public souvent élitiste qui n’investira pas ses deniers à la légère, surtout si les affrontements en ligne, de par leur qualité technique et de par leur nombre, ne sont pas au rendez-vous.
Ultimate?
Or, la cible de la machine étant principalement les joueurs de FPS, de jeux de voiture et de jeux de foot, pas sûr que les joutes de Jago, Fulgore et Orchid réussisse à se faire une place de choix dans cette lutte des tranchées… Nous verrons bien ce qu’il en est, mais déjà, un des dirigeants de la Microsoft (n’en étant visiblement plus à un rétropédalage près) vient de revenir sur le destin de Killer Instinct en précisant que finalement le jeu sortira également en version boîte…jolie raccrochage aux branches! Si cette histoire pourrait bien se terminer sur le papier (et loin de moi l’idée de vouloir enfoncer une vieille licence qui jadis à occupé mes soirées), l’absence des lettres d’or du développeur RARE avait de quoi susciter sinon la crainte, du moins la stupeur. En effet, le jeu est désormais l’affaire de Double Helix, petit studio californien regroupant des anciens de Shiny Entertainment, ayant brillé avec des titres aussi démentiels que Silent Hill: Homecoming, G.I.Joe le réveil du cobra, Green Lantern ou Battleship...non, en fait ils n’ont rien de démentiel, je voulais juste voir si vous suiviez. Bref, le destin de K.I. est désormais entre les mains peu expertes de programmeurs n’ayant jamais vraiment fait leurs preuves et subira de plein fouet la concurrence féroce et un parc installé relativement faible dans un premier temps. On aurait pu rêver mieux pour un come-back, vous trouvez pas?
Le killer de Street Fighter.
Très intéressant cet article. Mais peu encourageant pour le retour du mythique Killer Instinct. Dire qu’un jeu avec une telle qualité d’animation tournait sur une 16 Bit… C’était du bonheur à l’état pur. Et cette mystérieuse cartouche sombre…