Icône des salles enfumées au début des années 90, Final Fight est l’un de ces nombreux beat’em all de qualité offerts par Capcom. Signe d’un partenariat toujours efficace entre Nintendo et le géant de l’arcade, les aventures de Haggar et ses amis se voient ainsi transposées sur Super Famicom dès les premières semaines de sortie de la 16-Bits, pour la plus grande joie des amateurs de philatélie et de méditation. Grande joie, certes, mais également grande désillusion…
City
La première chose qui marque lorsqu’on lance Final Fight, c’est la qualité même de l’adaptation. La démo tournante rassure quant à la qualité de la conversion. En effet, la majeure partie des points forts de la borne est restituée avec respect: des sprites énormes, un background détaillé, une prise en main immédiate… le cahier des charges semble avoir été respecté à la lettre. Cependant, une fois sur l’écran de démarrage, les choses se corsent. Savater du loubard avec un pote sans avoir à bouger de son canapé aurait pu être prometteur, malheureusement, Capcom a fait le choix (pour des raisons de place mémoire et donc de coût) de restreindre le jeu à un mode un joueur. Exit donc les rixes en binôme dans les rues de Metropolis. Cela est d’autant plus regrettable que cette version est, techniquement, la plus fidèle au matériau d’origine.
Nintendo jugeait assez scandaleux de «frapper» un personnage féminin. Étrange qu’ils n’aient pas renouvelé leur véto pour la sortie du million-seller Street Fighter II et son personnage féminin, Chun-Li…
Autre point fort dommageable, l’absence de Guy, célèbre bastonneur, aussi piquant que le houx (ce jeu de mots est sponsorisé par Jean Roucas). Dommage collatéral plutôt gênant, puisqu’il restreint le choix des personnages à Haggar ou Cody seulement, quand la concurrence s’apprêtait, 8 mois plus tard, à proposer un jeu jouable à deux simultanément, avec un choix de trois combattants. Si le tableau est donc déjà en demi-teinte, on trouve encore d’autres défauts et non des moindres, avec l’absence totale du 4è niveau de jeu, niveau qui comprend une partie sur un monte-charge et se clôture par un combat contre Rolento (personnage rendu célèbre depuis). Cette absence poussera par ailleurs Capcom a intégrer Rolento dans Final Fight 2 ainsi qu’une partie de son stage (l’Italie) dans un ascenseur. Enfin, terminons ce tableau de chasse par les versions occidentales, frappées de plein fouet par la censure. Ainsi, Poison et Roxy ont été remplacées par deux punks au design douteux (Sid et Billy). En effet, Nintendo jugeait assez scandaleux de « frapper » un personnage féminin. Étrange qu’ils n’aient pas renouvelé leur véto pour la sortie du million-seller Street Fighter II et son personnage féminin, Chun-Li…
Le plus douteux, dans cette histoire d’adaptation du premier Final Fight, reste cependant la production par Capcom, en 1992, d’une seconde version, intitulée Final Fight Guy, pourtant vendue au prix fort. Si cette dernière permet enfin de pouvoir jouer avec Guy, elle retire en revanche le personnage de Cody. Et toujours pas de mode 2 joueurs ni de présence du Round 4… Bref, Final Fight restera sur Super Famicom un émerveillement au goût de déception, ce qui ne l’empêchera pas d’être suivi de deux autres épisodes, exclusifs à la 16-Bits de Nintendo…
L’avis de Ashounet
Malgré une concurrence parfois rude sur Super Famicom, avec TMNT, Sonic Blastman 2, Rushing Beat Shura, Knights of the Round, Legend, ou encore Undercover Cops, force est de reconnaître que ce premier Final Fight est au bout du compte probablement le meilleur de la trilogie, du moins, si l’on n’a pas un ami sous la main et que l’on se restreint donc au mode 1 joueur. Sa jouabilité nerveuse et sa réalisation très propre en font un excellent défouloir, très respectueux de la version arcade (si l’on fait l’impasse sur le niveau 4 et que l’on se tartine les aisselles de ne pas pouvoir jouer avec Guy).
Bref, un des rares beat’em all de la bécane que je ressors régulièrement pour le plaisir de nettoyer les rues de Metropolis, calé au fond du canapé. Un conseil néanmoins: préférez (de loin) la version japonaise, pour une plus grande fidélité et surtout parce qu’une jaquette de jeu de baston avec Freddie Mercury, c’est peut-être super sympa quand on est fan de Queen, mais c’est quand même limite hors-sujet. Non?
Exellente review pour un jeu qui l’est tout autant!
Le combo du Guy/Houx m’a mis KO!!!